Projet

Le séminaire de lecture de l'école doctorale de science politique

Les séances du séminaire de lecture ont repris en septembre.

Les prochaines séances auront lieu les mardis suivants : 22/10/24; 19/11/24; 17/12/24; 21/01/25; 18/02/25; 18/03/25; 15/04/25; 20/05/25; 17/06/25 de 17h à 20h en salle H606 (entrée par le 14 rue cujas).

Pour la séance de janvier (21/01/25), Emmanuel SANTARROMANA présentera « Qui pose les questions mémorielles ? » de Sarah GENSBURGER (Édition CNRS: https://www.cnrseditions.fr/catalogue/histoire/qui-pose-les-questions-memorielles/).

Pour les autres ouvrages ci-dessous, n'hésitez pas à vous rapprocher de nous. 

Claudia Buder, Tom Préel, Zélie Jobert.

 

Axel HONNETH

Le souverain laborieux. Une théorie normative du travail

(nrf essais – Gallimard)

Un des plus grands défauts de presque toutes les théories de la démocratie consiste à oublier obstinément que les membres de ce Souverain qu’elles invoquent à cor et à cri sont toujours aussi des sujets laborieux.
On s’imagine que les citoyennes et les citoyens se soucient avant tout de prendre part aux débats politiques pour y défendre leurs idées ; mais la réalité sociale est que, jour après jour, la plupart des individus se consacrent à un travail, ce qui — en raison de leur position subalterne, de leur faible rémunération ou du surmenage auquel ils sont exposés — leur interdit en pratique ne serait-ce que de se projeter dans le rôle d’acteurs autonomes de la formation démocratique de la volonté.
Le point aveugle de la théorie de la démocratie est donc une division sociale du travail qui est née sur le sol du capitalisme moderne et qui, en raison de positions très inégalement dotées, détermine qui détient quelles possibilités d’influencer le processus de la formation démocratique de la volonté. Négliger cette sphère est d’autant plus fatal pour une théorie de la démocratie qu’elle perd ainsi de vue l’un des rares leviers qui permettent à l’État démocratique d’agir sur ses propres conditions d’existence : en dehors de l’instruction scolaire, l’État démocratique peut, en agissant sur les conditions de travail, déterminer quels sont les schémas comportementaux bénéfiques, c’est-à-dire coopératifs.

https://www.gallimard.fr/catalogue/le-souverain-laborieux/9782073031792

 

Louis PINTO

Le marché des idées. Les sciences humaines et leurs lecteurs

(Éditions du croquant)

Les sciences humaines sont d’abord des disciplines savantes, matière à enseignement et recherche. Hors des circuits universitaires, elles sont en général abordées à travers des auteurs, des figures illustres célébrées dans les médias. Elles n’ont guère été envisagées en fonction de leurs lecteurs. Qui sont ces gens ? Que lisent-ils et comment lisent-ils ?

Ce livre s'appuie sur une enquête visant à comprendre les différences entre lecteurs savants et lecteurs profanes.

Alors que les premiers sont redevables de la discipline qui les a formés, les seconds sont disponibles pour des lectures qu’on peut appeler libres, déliées des règles scolaires. Les lecteurs profanes apprécient des livres qui sont censés apporter une « rupture » dans les façons de penser. Les lectures libres permettent à la plupart des lecteurs d’accéder, hors du cadre des disciplines, à ce qui constitue, à leurs yeux, les marques de la condition d’intellectuel : la « pensée » et les causes intellectuelles.

L’enquête sur les lecteurs est l’un des moyens de mettre en lumière le fonctionnement d’un marché des idées soumis au poids croissant d’autres univers, ceux de l’édition, de la presse et de la politique.

https://editions-croquant.org/champ-social/975-le-marche-des-idees-les-sciences-humaines-et-leurs-lecteurs.html

 

Michel LUSSAULT

Cohabitons ! Pour une nouvelle urbanité terrestre

(Édition SEUIL)

La Californie en feu, l’Andalousie asséchée, un système urbain dont on réalise la vulnérabilité lors de l’épidémie de Covid… Les signes d’une crise d’habitabilité de la Terre se multiplient. Les modes de consommation mondialisés et les actes des « géopouvoirs » prédateurs en sont des causes évidentes. Comment dès lors habiter autrement ?

Le géographe Michel Lussault réexamine cette question que l’anthropocène oblige à penser de façon nouvelle. À rebours des fantasmes de retour « à la nature », il prend acte des effets de l’urbanisation généralisée, qui rend les espaces de vie interdépendants. Toute recherche d’autonomie est donc aujourd’hui une voie illusoire. Ce sont au contraire les liens entre les vivants humains et non-humains et la matérialité de leurs habitats qu’il faut considérer et soigner. En s’inspirant de l’éthique du Care, l’auteur plaide pour des « vertus habitantes » et la mise en oeuvre d’un « géo-care », dont il examine la possible portée concrète.

Appuyé sur des récits vivants, qui nous mènent de la misère des sans-abris de Vancouver au combat des Ojibwes pour les droits du riz sauvage ou aux mines de lithium du désert d’Atacama, il analyse comment s’expérimentent, loin de l’imaginaire réducteur de la world city, des manières soutenables de cohabiter.

https://www.seuil.com/ouvrage/cohabitons-michel-lussault/9782021447156

 

Saidiya HARTMAN

Vie rebelles. Histoire intimes de filles noires en révolte, de radicales queers et de femmes dangereuses

(Édition SEUIL)

 

Vies rebelles retrace des bribes d’existence de femmes noires, qui ont quitté le sud des États-Unis en quête d’une vie meilleure pour les villes du Nord-Est, New York et Philadelphie, entre 1890 et 1930, après l’abolition de l’esclavage.

S’appuyant sur les sources de la police, les écrits des philanthropes et des réformateurs sociaux, les archives de la justice mais aussi sur les notes prises par le jeune W.E.B. Du Bois lors de ses enquêtes, Saidiya Hartman leur donne vie, rendant à ces filles et femmes leur statut de sujet, dessinant des portraits vibrants de Noires indisciplinées, reconstituant leurs désirs, leurs efforts pour trouver la joie de vivre, leurs aspirations à la liberté, leurs élans de vie, leurs pensées, leurs corps éprouvés mais libres, leur anarchisme.

Il en résulte des histoires inoubliables, portées par une écriture exceptionnelle, qui transforment nos représentations des classes subalternes « déviantes » et de la condition noire dans les sociétés post-esclavage. Cette attention à l’infra-politique ouvre aussi d’autres généalogies aux radicalités noires et à la révolution des mœurs. Soixante-dix photographies rares et bouleversantes viennent illustrer la vie de ces femmes en marge de la société.

https://www.seuil.com/ouvrage/vies-rebelles-saidiya-hartman/9782021496949

 

Julie PAGIS

Le prophète rouge. Enquête sur la révolution, le charisme et la domination

(Éditions La Découverte)

C'est une histoire qui semble typique des milieux maoïstes dans la France de l'après-Mai 68, mais sur laquelle plane un fantôme. 
En 1971, six couples décident de faire ensemble table rase de leur vie passée au nom de leurs idéaux politiques. Leur chef est un ouvrier espagnol dénommé Fernando. Dans l'effervescence de l'époque, et suivant l'appel du président Mao, ils partent " enquêter " dans des foyers de travailleurs immigrés, s'établissent comme ouvriers en usine et emménagent collectivement dans un ancien couvent. 
Progressivement, au gré d'incessantes (auto)critiques, cette communauté bascule d'un engagement au service du peuple à une soumission totale à Fernando, devenu tout-puissant. Sous son emprise, un couple se déchire, une militante est " rectifiée ", un autre, accusé d'être un traître, se voit traduit devant un tribunal populaire. L'expérience prend fin au début des années 1980 lorsque le prophète rouge, qui continue d'exercer son autorité à distance, déclare leur rendre leur liberté, avant de se volatiliser une fois pour toutes. 
Intriguée par le pouvoir charismatique de Fernando après avoir été contactée par une ancienne membre du groupe, Julie Pagis s'est lancée dans une enquête de longue haleine pour reconstituer cette incroyable histoire. À partir des témoignages recueillis, des archives de la communauté, mais aussi celles des services de renseignement, son enquête explore les zones d'ombre de la biographie de Fernando et éclaire les ressorts de l'emprise. Ce dont l'autrice ne se doutait pas, c'est que cette domination charismatique allait également agir sur elle, jusqu'à mettre en péril l'écriture de cet ouvrage.

https://www.editionsladecouverte.fr/le_prophete_rouge-9782348078897

 

Mona CHOLLET

Résister à la culpabilisation

(Éditions La Découverte)

Harcèlement, humiliations, insultes : nous sommes bien averti.es de ces fléaux de la vie en société et nous nous efforçons de lutter contre eux. Mais il y a un cas de figure que nous négligeons : celui où l'agresseur, c'est... nous-même. Bien souvent résonne dans notre tête une voix malveillante qui nous attaque, qui nous sermonne, qui nous rabaisse ; qui nous dit que, quoi que nous fassions, nous avons tort ; que nous ne méritons rien de bon, que nous présentons un défaut fondamental. Cette voix parle particulièrement fort quand nous appartenons à une catégorie dominée : femmes, enfants, minorités sexuelles ou raciales...

Ce livre se propose de braquer le projecteur, pour une fois, sur l'ennemi intérieur. Quels sont ces pouvoirs qui s'insinuent jusque dans l'intimité de nos consciences ? Comment se sont-ils forgés ? 
Nous étudierons quelques-unes de leurs manifestations : la disqualification millénaire des femmes et, notamment, aujourd'hui, des victimes de violences sexuelles ; la diabolisation des enfants, qui persiste bien plus qu'on ne le croit ; la culpabilisation des mères, qui lui est symétrique ; le culte du travail, qui indexe notre valeur sur notre productivité ; et enfin la résurgence de logiques punitives jusque dans nos combats contre l'oppression et nos désirs de changer le monde.

https://www.editionsladecouverte.fr/resister_a_la_culpabilisation-9782355222146